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LA SYLVOTHERAPIE ET LA CURE THERMALE

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LA SYLVOTHERAPIE ET LA CURE THERMALE

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Avis d’Expert

L’interview de Philippe Poulet,
accompagnateur des sorties en forêt, aux Thermes de Bains-les-Bains

Cela fait plus de trente ans, que Philippe Poulet vit sa passion pour la montagne et la nature, en tant qu’accompagnateur de montagne. Ce sont dans les endroits les plus retirés ou les plus isolés qu’il aime s’aventurer pour y découvrir toujours des nouvelles vues, des nouvelles ambiances, des nouveaux éléments. Il aime partager ces moments merveilleux pendant les randonnées ou les treks, aider à découvrir les subtilités de la vie, de faire un pas vers l’inconnu sur des chemins que l’on trace, en été ou en hiver, en France ou dans le monde. La randonnée comme point de départ à toutes les activités lui permet de cuisiner des plantes sauvages ou des champignons, observer les astres pendant une virée nocturne, dessiner, photographier ou filmer l’éphémère dans la nature, mais aussi de lâcher prise.

Depuis trois ans déjà, un projet d’initiation à la sylvothérapie s’est développé avec Jean-Michel Masset, directeur des Thermes de Bains-les-Bains. Philippe Poulet a en effet une certaine complicité avec les forêts aux alentours de la station thermale vosgienne : la forêt de Darney – Bains – Epinal étant celle de son enfance. Philippe Poulet répond à nos questions sur cette « drôle » de discipline.

 

1/ Tout d’abord, qu’est-ce que la sylvothérapie ?

Ce terme a été inventé en 1982 par le ministère japonais de l’Agriculture, des Forêts et de la Pêche. La sylvothérapie vient de « silva » en latin qui veut dire « forêt » auquel a été ajouté « thérapie », moyen de prévenir, traiter, soigner ou soulager une maladie. Moi, je préfère nommer ma vision de la sylvothérapie : « la forêt bienfaisante ».
Les axes principaux sont la détente, la contemplation, la respiration, la remise en contact avec la nature et notre nature et l’expérience récurrente auprès de nouveaux arbres.
Le bien-être par les arbres et la forêt attire de plus en plus de monde. La sylvothérapie est en effet bien plus qu’une simple promenade. L’expert mondial de cette pratique, le Dr Qing Li, parle même d’une « médecine de la forêt ».

 

2/ Depuis quand la pratique-t-on en France ?

Elle serait pratiquée depuis le XVIIIe siècle, mais depuis très longtemps par les druides… Les scientifiques notaient déjà une amélioration de l’expectoration, une diminution de la toux, une sédation. Elle aurait plu aux admirateurs enthousiastes de la nature du XVIIIe siècle.
Aux Thermes de Bains-les-Bains, convié par Jean-Michel Masset, pour organiser une sortie en forêt avec des médecins thermalistes et des docteurs en géologie à l’INRA, je fus repris sur mes propos de
thérapie nouvelle par un médecin de la faculté de médecine de Nancy m’invitant à consulter les ordonnances de médecins des années 1700 qui préconisaient déjà des bains de forêt dans les Vosges !

 

3/ Comment vous êtes-vous pris de passion pour la forêt ?

Georges Plaisance est mon principal mentor pour l’inspiration et la connaissance de la forêt. Ancien élève de l’Institut national agronomique de Paris, de l’École nationale des Eaux et Forêts de Nancy, et
docteur-ingénieur en écologie de la Faculté des sciences de Dijon, il a, au cours de sa carrière d’Ingénieur des Eaux et Forêts, patiemment observé et longuement médité sur la vie des arbres forestiers, ainsi que sur leurs effets bénéfiques sur la physiologie et la psychologie de ceux qui fréquentent les forêts.
Sa carrière et ses voyages l’ont conduit sous des climats divers et dans des forêts bien différentes. En tant qu’expert, il a rassemblé d’innombrables mesures et observations sur la sylvothérapie, provenant d’horizons très différents : forestiers, écologistes, médecins, psychologues (français, allemands, américains, anglais, italiens, russes…).

 

4/ Comment se passe une séance ?

Je souhaite minimiser l’emploi du terme « sylvothérapie » dans ma pratique de terrain, car je ne prétends pas guérir ou soigner, mais simplement partager un moment dans la forêt en discutant, méditant, écoutant, observant, vibrant.  Je parle plus volontiers de « Bain de forêt » ou d’« immersion forêt », car mon travail est d’emmener un public sur des terrains spécifiques, balades pendant lesquelles, une initiation ou un perfectionnement à la vie de la forêt, des arbres, des champignons et des bactéries, des moments de respirations (propices au renouvellement de l’air et des molécules) et de la méditation sont pratiqués.

Mes séances se déroulent en 5 phases :

  • La phase récréative : je suis content d’aller me promener. Je vais jouer.
  • La phase créative : mon décor change, mes pensées changent, je suis au mieux pour des idées nouvelles.
  • La phase énergétique : je suis en phase avec le milieu, je peux partager l’instant présent avec plaisir et profiter.
  • La phase sensitive : tout mes sens sont en éveil et je respire le bon air de la forêt, j’entends l’orchestration des bruits de la nature, je m’émerveille des couleurs et des lumières de la forêt, l’ambiance du climat forestier transforme mon état et je suis zen
  • La phase nourricière : je peux goûter les fruits de la nature.

5/ En quoi cette pratique est-elle bénéfique en complément d’une cure thermale ?

Si vous effectuez une cure thermale, vous souhaitez diminuer vos douleurs, consommer moins de médicaments, réapprendre les bons gestes, vous faire du bien et surtout prendre le temps de changer votre environnement pendant 3 semaines. La sylvothérapie est un excellent complément aux soins thermaux et médicaux, car elle propose à la fois une marche tonique dans la forêt (vous pouvez ainsi reprendre une activité sportive à votre rythme), un moment de tranquillité propice à la détente et au lâcher-prise (prendre le temps d’écouter, d’observer, de flâner), et de stimulations.
Nous pouvons mettre en avant plusieurs actions de la forêt :

  • radiations lumineuses : le séjour en sous-bois est bénéfique pour les personnes ne pouvant pas supporter la chaleur et le soleil (malades du myocarde, hépatiques, personnes atteintes de dermatoses, tuberculeux pulmonaires…) Plutôt que de s’enfermer dans un café, à l’hôtel ou en appartement, mieux vaut une promenade en forêt.
  • air ambiant et respirations profondes : la légère augmentation de teneur en CO2 de la forêt est un facteur qui favorise la respiration. L’air y est pur et on peut respirer les molécules de notre mieux-être, les phytoncides et les huiles essentielles.
  • syntonie avec l’environnement : la forêt nous offre ses paysages infiniment variés, son air très pur, ses microclimats atténués ; au corps et à l’esprit, elle offre des possibilités de détente, de désintoxication, de recharge.

6/ Y a-t-il des arbres plus câlins que d’autres ?

Comme chaque être vivant, l’arbre émet des vibrations. Lorsque nous sommes en société, il y a des personnes à qui l’on ne parle pas et d’autres vers qui l’on va spontanément avec mille choses à raconter. C’est pareil avec les arbres, c’est pour çà qu’il est important de mettre en avant notre ultra sensibilité.
« Les câlins aux arbres », c’est quelque chose de naturel comme envers tout les êtres vivants. Mais nous pouvons aussi rester à distance et communiquer. Les arbres sont les seuls êtres vivants à produire leur propre nourriture, et ne dépendant que du climat qu’ils savent modifier.

 

// Retrouvez les séances de « Bain en forêt » avec Philippe Poulet aux thermes de Bains-les-Bains, toute la saison thermale.
A découvrir à l’unité et dans le cadre de la mini-cure Pure Vosges. //

 

Marie Terver, Novembre 2018

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